Entretien avec
Marie-Charlotte Calafat et Jean-Marie Gallais,
commissaires de l’exposition « Folklore »
1)
Cette exposition met en évidence les liens méconnus entre
folklore et création artistique : comment s’est traduite
cette influence du folklore dans l’histoire de l’art ?
MCC :
Au croisement de l’histoire de l’art et des sciences humaines, le
folklore est un sujet privilégié au Mucem pour proposer une relecture de
ses collections d’art populaire, en les mettant en regard avec ce qui
pourrait sembler être leurs opposées : les œuvres des artistes de
l’avant-garde des XIXe et XXe siècles.
L’observation des rapprochements des positions des artistes et des
folkloristes rend possible la compréhension des interactions entre deux
mondes, celui du traditionalisme et celui du modernisme, c’est-à-dire
celui des « demi-savants » (pour reprendre l’expression du
célèbre folkloriste Arnold Van Gennep) et celui de la création
contemporaine.
2) Pourquoi le terme « folklore » est-il parfois source de polémiques ?
MCC :
La question initiale que l’on s’est posée est la suivante :
comment définir le folklore ? Ou, plus précisément, l’objet
folklorique existe-t-il en tant que tel ? Chercher dans une base de
données muséale le mot « folklore » ne produit que quelques
réponses disparates. La recherche dans les écrits sur le folklore
apporte une première réponse. Elle montre la variété des points de vue
sur ce qu’il est. Il se définit problématiquement, traverse des
controverses et des polémiques et finit par tomber en désuétude, voire
en disgrâce, dans sa version diminuée de « folklo ». La
récupération politique du folklore durant le gouvernement de Vichy en
France, en particulier de son imagerie autour de la terre et du paysan,
et des activités qui lui sont liées telles les fêtes populaires, est
traitée dans l’exposition dans une section intitulée « ambiguïtés
et paradoxes ». L’autre facteur qui explique la dépréciation du
folklore est le manque de légitimité de cette discipline qui manque de
méthodes et de rigueurs scientifiques. Les folkloristes font preuve dans
leurs recherches d’une grande créativité, et même d’une certaine
fantaisie.
L'entretien en intégralité
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